Philippe Kenel

Immigration : comment s’opposer à l’UDC ?

 

La politique migratoire comporte trois volets : l’asile, l’immigration des Européens et celle des ressortissants d’Etats tiers.

 

Cette dernière question est très souvent absente du discours de l’UDC qui laisse même à penser que la politique migratoire se divise uniquement en deux, l’asile et la libre circulation des personnes applicable aux Européens. La raison de cette omission est que l’UDC devrait avouer que la Suisse maitrise parfaitement la politique migratoire à l’égard des ressortissants d’Etat tiers. Elle comporte d’ailleurs tous les principes que l’UDC réclame soit notamment le contingentement et la priorité des travailleurs se trouvant sur le marché suisse du travail. La force de l’UDC est d’agiter les peurs liées aux problèmes de société pouvant résulter de l’immigration des ressortissants non européens en reliant à tort ces problèmes à la libre circulation des personnes ou à l’asile. Cette manière de faire lui permet à la fois de créer le cocktail explosif entre europhobie et immigration qui nous a sauté à la figure le 9 février 2014 et de pouvoir jouer sur les images de réfugiés.

 

Pour contrer la position de l’UDC en matière d’immigration, il est primordial d’expliquer à nos concitoyens que la Suisse mène à l’égard des ressortissants d’Etats tiers, depuis des décennies, une politique très restrictive. Ce discours a été relativement peu tenu, car d’aucuns se sentaient un peu honteux de la défendre. Cela n’a pas lieu d’être dans la mesure où, notamment, la Suisse n’a jamais eu de colonies et n’est, par conséquent, pas redevable à l’égard de populations qu’elle aurait colonisées.

 

Ne pas affirmer et expliquer cette politique permet à l’UDC de continuer à faire ses amalgames avec les conséquences que l’on connaît. »