Philippe Kenel

Trump ou le retour du « tout est possible »

L’élection de Donald Trump a été très largement interprétée comme une victoire du populisme et d’une certaine droite américaine. En réalité, je pense qu’il s’agit également, et peut-être surtout, du début ou du retour à une ère où les citoyens considèrent que tout est possible.

Elle se caractérise par le fait que les électeurs ne prennent plus en compte un certain nombre de principes moraux ou de contingences pratiques liées à la réalité économique, sociale ou internationale.

L’avenir nous montrera que ce dangereux phénomène affecte toutes les tendances politiques. Le plus bel exemple est sans aucun doute la désignation de Benoît Hamon comme candidat à l’élection présidentielle française qui promet un revenu universel sans se soucier le moins du monde du fait qu’il est totalement infinançable. Ayant échoué à maîtriser le réel, mieux vaut vendre du rêve !

Malheureusement, cette tendance n’épargnera pas notre pays. On verra de plus en plus un certain nombre de partis considérer soit que la Suisse peut décider tout toute seule et faire un bras d’honneur aux Etats étrangers, soit que la lutte contre le racisme n’est qu’un volet du politiquement correct, soit que la question de la dette étatique est un faux problème et, j’en passe.

M’étant toujours qualifié de social-démocrate de droite ou de social-démocrate libéral, ma plus grande crainte est que la première victime du tout est possible soit la social-démocratie. Un tel effondrement rendrait plus difficile la poursuite de l’objectif parfaitement décrit par Patrick Aebischer qui déclarait dans une interview « Qu’il faut trouver le bon équilibre entre les conditions-cadres qui favorisent la création de richesses et leur redistribution ».