Philippe Kenel

retour à la liste des articles
Trump & Co: qu’avons-nous fait faux?
 
 
Dans un blog du 11 novembre 2016 intitulé “Leonard part, Donald arrive” en référence au décès de Leonard Cohen et à la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine, j’écrivais “Un grand monsieur est parti, un sale type est arrivé”. Malheureusement, je ne m’étais pas trompé…
 
Le départ de Donald Trump de la Maison blanche marque une étape importante dans la fin d’une ère marquée par l’arrivée au pouvoir de personnes que je désapprouve aussi bien pour leur idéologie que pour leurs manières d’être et de gouverner. En Europe, je pense notamment à Matteo Salvini et, plus près de chez nous, à Oskar Freysinger.
 
A l’heure où l’on constate que les électeurs qui ont amené ce type de personnes au pouvoir ne les ont pas réélus et que l’on ose espérer qu’ils ne le seront pas dans le futur, la bonne question consiste à se demander ce que leurs opposants, dont je fais partie, ont fait faux et ont, par conséquent, contribué à créer un terreau favorable à leur élection et à leur maintien au pouvoir pendant un certain nombre d’années. Autant je ne suis pas pour l’autoflagellation, autant je suis convaincu que la première question que l’on doit se poser dans toutes les circonstances est de savoir ce que l’on a fait faux nous-mêmes vu que c’est toujours à notre propre niveau que nous avons le plus grand potentiel de correction.
 
Sans avoir évidemment la prétention d’épuiser le sujet, mais bien plutôt l’intention d’ouvrir la discussion, je pense que nous avons en tout cas commis deux erreurs.
 
Tout d’abord, Péguy écrivait cette phrase que j’aime à citer: “Il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout il faut toujours, ce qui est le plus difficile, voir ce que l’on voit.”. Or, si je prends le cas de la lutte contre le racisme dans laquelle je suis très impliqué en qualité de président de la Licra-Suisse, il est évident qu’en ne voulant pas voir, ou ne pas accepter un certain nombre de statistiques ou de réalités notamment, à la fin des années 90, on a créé une rampe de lancement pour des personnages du type Trump, Salvini ou Freysinger. Nous devons au contraire accepter la réalité, la regarder en face, l’expliquer et faire en sorte de la modifier notamment par un certain nombre d’outils législatifs. Cela ne signifie pas que l’on ne doit pas s’interroger sur les raisons qui font que certaines personnes établissent un certain nombre de statistiques. Nous devons néanmoins regarder les résultats en face.
 
La seconde erreur que je n’ai personnellement pas faite, mais que j’ai vu commise par beaucoup de personnes opposées à Trump était de considérer d’emblée que tout ce que disait l’ancien président des Etats-Unis était faux. Or, au contraire, au lieu de juger les propos en fonction de leur émetteur, il faut les analyser et les juger en fonction de leur contenu. Et si un propos de Trump devait être analysé comme correct, il était d’autant plus important de le dire. Cela donnait de la crédibilité à ses opposants.
 
Comme on le voit, petit à petit un certain type de personnages ne sont pas réélus. La grande question est sans doute de savoir à quel point l’idéologie qu’ils ont véhiculée, elle, subsiste. Afin d’éviter qu’ils reviennent au pouvoir évitons à tout prix de commettre les erreurs que nous avons faites dans le passé!
retour à la liste des articles