Philippe Kenel

 

9 février 2014 : une chance pour l’Europe ?

 

Pour éviter tout malentendu sur la portée de mes propos, je tiens à préciser deux points. Tout d’abord, je considère que l’UE, malgré ses défauts, est l’une des plus belles réalisations politiques du 20ème siècle même si, actuellement, l’intérêt de la Suisse n’est pas d’en être membre. En second lieu, j’étais fermement opposé à l’« initiative contre l’immigration de masse » acceptée par le peuple suisse le 9 février 2014.

 

Ceci dit, ce serait se voiler la face de ne pas vouloir voir que les rapports entre les citoyens, suisses et européens, avec la notion de nation sont en train d’évoluer. Alors que, durant de nombreuses années, la nation et le nationalisme étaient plutôt synonymes de guerre et de conflit, il apparaît clairement, qu’aujourd’hui, un certain nombre de citoyens se sentant perdus dans un monde globalisé tend à se raccrocher à des entités, telle la nation, qui lui sont plus proches.

 

La pire des attitudes que pourrait adopter la Commission serait d’ignorer ce mouvement et de s’entêter dans une application sans nuance des principes fondateurs de l’UE. A moyen, ou à long terme, ceci débouchera sur une explosion de l’UE.

 

Dans ce cadre, le cas helvétique, bien géré, est une aubaine pour l’UE. En effet, il peut permettre à la Commission de trouver une solution qui respecte l’esprit de la libre circulation des personnes tout en tenant compte du besoin de sécurité émis par la majorité du peuple suisse. Cette solution négociée avec le Conseil fédéral pourrait être testée par la Commission dans le petit laboratoire qu’est la Suisse et, si les résultats de l’expérience s’avèrent positifs, la proposer comme une solution aux citoyens européens inquiets et aux Etats membres qui hésitent à quitter l’UE.