Philippe Kenel

 

Le rôle des experts

 

Suite au rejet massif par le peuple suisse de l’initiative tendant à l’abolition des forfaits, je me suis posé la question de savoir quel rôle j’ai pu jouer, en qualité de spécialiste en la matière, dans cette prise de décision. A la réflexion, mon rôle a été double. Tout d’abord, la connaissance du domaine, aussi bien sur le plan pratique que théorique, m’a permis de faire un argumentaire complet des raisons pour lesquelles cette forme d’imposition devait être maintenue. En second lieu, mon intervention dans les débats m’a permis de contester les contre-vérités que tentaient de propager les initiants.

 

Cette expérience me permet de mettre en exergue l’importance des experts dans la démocratie directe. Autant ce n’est pas à eux d’être les idéologues des partis, autant il est important qu’ils contribuent à expliquer aux citoyens les sujets soumis à leur vote. Pour ce faire, il est primordial d’avoir à l’esprit que cette démarche didactique prend du temps et qu’il ne faut pas attendre le début officiel de la campagne pour la mettre en œuvre.

 

Lorsque j’ai commencé à parler de l’imposition d’après la dépense dans la presse dans les années 2005, d’aucuns me le reprochaient en me disant qu’il ne fallait pas parler publiquement de ces questions. Je ne cessais de répéter qu’en Suisse le peuple a le dernier mot et qu’il est fondamental d’expliquer aux citoyens suisses le fonctionnement de l’impôt d’après la dépense et ses avantages. En toute modestie, je crois que cette manière de faire a porté ses fruits et que le peuple suisse a pu voter le 30 novembre en toute connaissance de cause.

 

Les spécialistes de l’immobilier auraient sans doute dû agir de la sorte concernant l’initiative Weber. Malheureusement, on ne refait pas l’histoire. En revanche, il importe d’en tirer les leçons pour le futur…