Philippe Kenel

 

Plaidoyer pour une Suisse ouverte

 

Le 9 février 2014, le peuple suisse acceptait l’initiative « contre l’immigration de masse » avec les conséquences économiques possibles que l’on sait. Le samedi 26 avril de 14 heures à 17 heures aura lieu, à la Maison de la Paix à Genève, la partie publique de la 48ème Convention de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) dont je préside la section suisse (voir le programme sur licra.ch).

 

La juxtaposition de ces deux événements suscite de ma part les deux remarques suivantes.

 

Tout d’abord, il est surprenant, voire inquiétant, de constater que les réactions et les analyses suite à la votation du 9 février n’ont quasiment pas fait mention du caractère xénophobe de cette décision. C’est un peu comme si l’on voulait oublier que cette initiative s’inscrit en réalité dans la droite ligne des initiatives Schwarzenbach et qu’elle ne porte pas uniquement sur la question des relations entre la Suisse et l’Union européenne. Omettre de relever le caractère xénophobe de cette décision tend à banaliser la xénophobie.

 

En second lieu, comme on n’a pu le constater à l’occasion de cette initiative, l’extrême droite, voire une partie de la droite, ne sert pas les intérêts des entreprises qu’elle prétend défendre. Il est fondamental que les entreprises ne se concentrent pas uniquement sur les questions économiques en se désintéressant des autres thèmes idéologiques, telle la xénophobie. Le risque d’une telle attitude est de laisser le champ libre à des idéologies qui peu à peu prendront le pas au sein de la population et déboucheront sur des votations allant à l’encontre des intérêts économiques de la Suisse.

 

En conclusion, les entreprises doivent s’engager pour une Suisse ouverte, mais défendant ses intérêts.