Philippe Kenel

 

Réflexions sur la Suisse et l’Union européenne

 

À la veille de votations importantes sur les relations entre la Suisse et l’UE, on constate que le débat se déplace dangereusement. En effet, durant de nombreuses années, la question était uniquement de savoir s’il était mieux pour la Suisse d’être membre ou non de l’UE. En revanche, l’existence même de la construction européenne n’était pas remise en cause. Pour de nombreux Helvètes, la meilleure solution consistait en une UE en bonne santé sans que la Suisse n’en soit membre.

 

Or, depuis quelques temps, on constate la montée en puissance, aussi bien à l’étranger qu’en Suisse, d’un courant idéologique qui s’attaque à l’UE elle-même. De gauche et de droite, contre le libéralisme et la mondialisation, ces personnes se défendent d’attaquer l’UE elle-même, mais prétendent s’en prendre uniquement à sa forme actuelle.

 

Cette mouvance est dangereuse à un double titre. Tout d’abord, il est erroné de croire qu’il est possible de s’attaquer à la libre circulation des personnes qui est un pilier de l’UE sans remettre en cause la construction européenne elle-même. Ceux qui essaient de faire éclater cette institution prennent le risque de raviver les vieux démons de notre continent. D’autre part, la libre circulation des personnes est le symbole même de l’UE. En effet, comme disait Jean Monnet, père de l’Europe, « Nous ne coalisons pas des Etats, nous unissons des hommes ».

 

Je ne pense pas que la Suisse ait intérêt à entrer aujourd’hui dans l’UE. Elle doit entretenir avec elle d’excellentes relations bilatérales. Pour ce faire, il est nécessaire que cette institution ne soit pas déstabilisée. Si d’aucuns estiment qu’elle est trop libérale, ils peuvent participer selon le jeu démocratique à son évolution si la majorité des Européens le souhaitent.